Depuis le début des années 1990, le projet du quartier Beauregard prend forme, se renouvelle et se transforme. Depuis le coeur de cette extension urbaine résonnent plusieurs ambitions : l’attention à l’environnement et au paysage, la mixité sociale, la diversité des logements et l’implication des habitants.
I. Habiter et agir Le Cadran, une genèse participative
Depuis septembre 2014, Le Cadran a ouvert ses portes en contrebas du parc de Beauregard, au numéro 11 de l’avenue André Mussat. L’idée d’une maison de quartier pour Beauregard avait germé dès le début des années 2000, mais à partir de 2007, des associations, puis les habitants du quartier, ont été impliqués dans sa création. Retour sur une genèse participative avec Emile Rimasson, directeur de l’association 3 regards Léo Lagrange qui gère la Maison du Parc, la ferme de la Harpe et Le Cadran.
« La volonté politique de créer un établissement socio-culturel pour le quartier de Beauregard s’est exprimée au début des années 2000 », se souvient Emile Rimasson. À cette époque, le directeur de l’actuelle association 3 Regards est uniquement en charge de La ferme de la Harpe, située avenue Charles Tillon. Un espace à la frontière des quartiers de Villejean et Beauregard. « La Ferme de la Harpe rayonnait déjà au-delà de Beauregard ou Villejean, notamment du fait de ses ateliers techniques, comme la mécanique et la soudure, mais aussi de sa spécialisation en musique Jazz. Le public de Beauregard n’y était pas exclusivement ciblé », explique-t-il.
« Nous imaginions déjà un bâtiment assez transparent qui donne envie d'y entrer et assez moderne pour renvoyer une image valorisante et positive aux futurs usagers. » Emile Rimasson
La nécessité d’avoir un lieu pour les habitants du quartier fait son chemin. « Dès 2007, nous avons commencé à imaginer certaines grandes lignes pour cet équipement. Nous savions qu’il devait être très ouvert à la jeunesse, intergénérationnel et généraliste dans ses activités », se rappelle Emile Rimasson. Avec l’association d’habitants Vivre à Beauregard, le centre social de Villejean et l’association de prévention Le Relais, il commence à imaginer certaines fonctionnalités : une cuisine et cafétéria pour la convivialité, une salle polyvalente pour les fêtes des habitants.
Les habitants au cœur des futurs usages
A partir de 2011, les habitants entrent en scène. « Ils étaient déjà présents à travers Vivre à Beauregard, nous avons amplifié la dynamique pour que les futurs publics s’impliquent dans le projet. C’est une manière de commencer à les amener dans la maison de quartier avant même que ses murs ne soient montés. Nous devions recueillir leurs attentes, leurs besoins mais aussi leurs témoignages sur la vie dans le quartier », se souvient Emile Rimasson. Les Archives départementales et municipales, la Ville de Rennes et les bailleurs sociaux apportent leur appui technique. La Région, le Département, la Ville, l’association pour la promotion de l’action et de l’animation sociale (Apras), la Fondation de France et l’Etat y contribuent financièrement. Sur le terrain, les actions foisonnent.
Au programme : au moins deux événements mensuels pendant trois ans. Des temps de rencontres avec les habitants comme les cafés-desserts organisés tous les samedis à la Maison du Parc, « pendant lesquels on discute de la place de la petite enfance, de la jeunesse, du handicap, de la convivialité à créer » et des petits-déjeuners, organisés avec les partenaires. Au total, une centaine de personnes participent à ces rencontres entre 2011 et 2013. En parallèle, des projets sont menés avec les habitants sur le recueil de la mémoire du quartier de Beauregard et sur la jeunesse avec des portraits vidéos de jeunes âgés de 10 à 16 ans. L’occasion aussi de mieux se connaître et de sonder la possible naissance d’une identité de quartier.
Un blog (animbeauregard.canalblog.com) est également mis en ligne et trois boîtes à idées sont installées dans le quartier. Un crieur de rue viendra d’ailleurs clamer publiquement les messages déposés, notamment à l’occasion d’une fête d’été en 2012. « Nous avons utilisé toutes les formes possibles pour recueillir les idées des habitants et les amener à adhérer au projet », confie Emile Rimasson.
« C'est un espace fait pour les habitants. Le construire avec eux était un minimum »
En coulisse, La Harpe pilote le tout et le section Aménagement et cadre de vie de Vivre à Beauregard prolonge le travail d’information et de mobilisation grâce à des soirées publiques.
Jusqu’au nom : Le Cadran
Cette démarche participative est allée jusqu’au nom donné à la maison de quartier. « C’est un habitant qui l’a proposé : André Demay », sourit le directeur. A côté de la le trentaine de noms proposée, comme Kaléidoscope, Quartier 21, Le regard 9 ou le Populistère, « Le Cadran s’est très vite détaché, notamment parce qu’il faisait clairement référence à la thématique astrale que l’on trouve déjà dans le parc, les colonnes d’Aurélie de Nemours, etc. »
« Aujourd'hui encore, les habitants remontent leurs attentes et leur vécu sur le Cadran pendant un temps de rencontre annuel. »
Du côté des attentes, Emile Rimasson observe que la salle de sport, la salle de danse avec parquet, le multimédia, l’espace de convivialité et un accès autonome organisable le week-end ont très vite et très largement été attendus. « Et ils sont maintenant très sollicités », se réjouit-il. Seul regret, l’ouverture au public de la terrasse aménagée en face du bâtiment du Fonds régional d’art contemporain, n’a pas été validée. « Mais l’espoir demeure encore. Les choses changent parfois très vite. »